VIII

Chan Anna, le chef du village lacandon où Jacinto avait mené Bob et ses compagnons, regarda longuement la photo d’Anita Sorel, que venait de lui tendre Morane.

Attitude destinée seulement à se donner de l’importance. Peu de jolies filles si blondes devaient passer par ce village. Finalement, Chan Anna hocha la tête et dit, très lentement, pour ménager ses effets :

— Oui, je reconnais cette señorita blanca… Elle est venue ici et est restée quelques jours parmi nous. Elle voulait un guide pour la mener sur la troisième rivière…

L’avant-veille, interrogé, Jacinto avait affirmé la même chose.

— La rivière qui n’a pas de nom ? fit Morane.

— Oui… C’est ça… Celle qui n’a pas de nom… El rio sin nombre…

— Et vous lui avez fourni ce guide ? demanda Clairembart.

Signe de tête négatif du chef.

— Non… Personne ne va sur la troisième rivière… C’est le royaume des anciens dieux… Kukulkan est revenu… Il règne sur la source de la rivière sans nom… Si l’on veut s’y rendre, le Serpent à Plumes tue…

Encore, à peu de chose près, ce qu’avait déclaré Jacinto.

Dans le village, les femmes lacandons, en longues robes de coton, vaquaient aux travaux ménagers. Des enfants jouaient avec un ballon de chiffons et de feuilles agglomérés à l’aide de gomme végétale. Quelques hommes réparaient les toits des cases, tandis que d’autres nettoyaient les vieilles pétoires qui servaient à la chasse. À droite, le rio aux eaux doucement bruissantes ; à gauche, devant, derrière, la forêt inquiétante à force d’être silencieuse ; au-dessus, le ciel de début du monde. Ambiance paisible. En aucun moment, on n’aurait pu supposer que, pas loin, des hommes s’entredéchiraient dans des exclamations de haine ponctuées par le bruit des armes automatiques.

— Il y a longtemps que la señorita blanca est passée par ici ? interrogea Sophia.

Chan Anna compta sur ses doigts. Il ne s’agissait pas, à présent, d’une façon de se donner de l’importance, mais d’une pratique mnémotechnique.

— Peut-être deux lunes, finit par dire Chan Anna.

Cela correspondait encore avec ce que Morane et ses compagnons savaient de la disparition d’Anita Sorel.

— La señorita blanca était-elle seule ? demanda Bob.

Cette fois, Chan Anna n’hésita pas avant de répondre.

— Non… Un métis l’accompagnait… Un métis qui venait d’Orozco…

Tout concordait. La señorita blanca qui était passée par le village lacandon, comme par celui de Jacinto, ne pouvait être qu’Anita Sorel.

— La señorita blanca a-t-elle dit pourquoi elle voulait aller sur la rivière qui n’a pas de nom ? interrogea Sophia.

Le chef lacandon eut un geste vague.

— Elle disait qu’elle voulait chercher des plantes dont se servent les chamans indiens pour guérir…

— Des plantes, mon œil ! gronda Bill Ballantine en anglais. Pourquoi aller là-bas pour trouver des plantes ? Y’en a partout ici…

— Je lui ai dit qu’ici elle trouverait toutes les médecines qu’elle voulait si elle savait s’y prendre avec nos docteurs, dit Chan Anna. Mais elle m’a dit que les plantes qu’elle cherchait ne se trouvaient que là-bas, à la source de la troisième rivière… celle qui n’a pas de nom…

— C’que j’vous disais ! triompha l’Écossais, en claquant le poing droit dans la paume de sa main gauche, ce qui produisit un bruit ressemblant à un coup de tonnerre.

— La señorita blanca vous a-t-elle interrogé sur la Cité de Kukulkan ? intervint Aristide Clairembart.

En prononçant ces mots « Cité de Kukulkan » le vieil archéologue ne pouvait empêcher que ses yeux ne brillent d’un intérêt mal contenu. Le Lacandon eut un signe affirmatif.

— Oui… Elle m’a questionné… Mais cela ne m’a pas étonné… Beaucoup de blancs, qui passent par ici, posent des questions sur la Cité de Kukulkan…

— Vous savez où elle se trouve ? insista Clairembart.

Cette fois, le signe de tête de l’Indien fut négatif.

— Personne ne sait plus maintenant… La Cité de Kukulkan est oubliée… On dit que, voilà longtemps, un blanc l’a découverte, mais qu’elle a été reperdue… Si elle existe, elle doit se trouver quelque part par là… Chan Anna désignait la direction du sud-ouest, pour poursuivre :

— On dit que, il n’y a pas longtemps, des Indiens sont allés par là… Un seul est revenu… Loco… Loco… Fou… Fou… Il disait que Kukulkan était revenu… Le Serpent à Plumes… Il tue… Les autres avaient été mordus par des serpents… avec des plumes… Les enfants de Kukulkan…

— Est-ce que les plumes de ces… euh… serpents étaient des plumes de l’Oiseau de la Lumière ? interrogea encore Sophia.

— Oui… oui…, opina Chan Anna. L’Oiseau de la Lumière… L’Oiseau Royal… Les enfants de Kukulkan portaient ses plumes… C’était ce qu’affirmait l’homme… Mais l’homme était fou… Loco… Loco…

— Mais, moi, je ne suis pas folle, dit Sophia en lançant un coup d’œil entendu, un coup d’œil circulaire, à ses compagnons.

— On n’a jamais dit que vous étiez folle, Soso, ricana Bill Ballantine. On l’a pensé seulement.

Les yeux d’émeraude de Sophia – parfois, ils tournaient au violet – étincelèrent, et elle foudroya l’Écossais du regard. Pourtant, elle ne dit rien.

Aristide Clairembart ne lui en laissa pas le temps. Il interrogea, à l’adresse de l’Indien :

— Est-il possible de remonter la troisième rivière ?

Les yeux du vieil archéologue continuaient à briller derrière les verres cerclés d’acier de ses lunettes. Sa barbiche de chèvre tressaillait sporadiquement. Autant de marques d’une intense nervosité. Nervosité que lui inspirait uniquement la pensée de vieilles pierres.

Chan Anna secouait la tête.

— La troisième rivière est dangereuse. C’est là que se sont réfugiés les révolutionnaires zapatistes… Et il y a des patrouilles de l’armée… On bombarde les camps des Zapatistes… Les Zapatistes tirent sur tous ceux que les soldats se font passer pour des civils pour les attaquer… Et, plus haut sur le rio, règne le Serpent à Plumes… Les serpents à plumes rampent… Ils sont un tiers hommes… Un tiers oiseaux… Un tiers serpents… Ils tuent… Des hommes sont enlevés… On ne les revoit plus… Plus haut, sur le rio sans nom, Kukulkan règne en maître… Il se venge parce qu’on l’a oublié pour de nouveaux dieux…

Le professeur Clairembart éclata de son petit rire clair d’enfant attardé, dit en français pour ne pas être compris du Lacandon :

— Superstitions que tout ça !… J’ai entendu des racontars de ce genre partout où j’ai tenté de découvrir des ruines… Pour tous les habitants de la région, elles sont hantées par d’anciens dieux… Les fantômes ça n’existe pas, même des fantômes de dieux…

— Eh ! là… professeur, ne concluez pas trop vite, intervint Bill Ballantine qui, en digne Écossais, était superstitieux. Faut pas dire du mal des fantômes,… ça porte malheur…

Un bruit de mouche géante s’imposa dans le silence qui s’était reformé après la dernière parole du géant. Un bruit de mouche qui grossissait sans cesse.

— Un hélico ! fit Bill qui, en bon mécano, s’y connaissait en bruits venant du ciel.

Tous les visages s’étaient levés. Mais l’appareil demeurait invisible. Il devait voler très bas – vers le sud-ouest, nota Morane, assez loin au-dessus de la forêt, et les arbres le masquaient.

— Sans doute un appareil de l’armée régulière, supposa Sophia.

Mais Chan Anna secoua la tête.

— Pas un appareil militaire… Les avions militaires ne sont jamais seuls… Celui-ci passe souvent… Avion civil…

Ni Bob, ni aucun de ses compagnons ne firent remarquer que l’Indien confondait avion et hélicoptère. Pour lui, tout engin volant était un avion.

— Avez-vous une idée sur l’origine de cet… avion ? interrogea Morane.

Nouveau mouvement de tête de gauche à droite du Lacandon.

— Non !… Chan Anna ne sait pas…

Après avoir atteint son intensité maxima, le bruit de rotors s’atténua, devint à peine perceptible, s’éteignit dans le lointain… L’appareil s’était-il posé, ou avait-il continué sa route en direction du sud-ouest, vers la frontière du Guatemala ?… La question demeurait sans réponse.

Une autre question demeurait également sans réponse : À qui appartenait cet hélicoptère civil – s’il s’agissait bien d’un hélicoptère civil – qui survolait la forêt au risque d’essuyer les tirs de l’armée régulière ou des Zapatistas ? Un appareil zapatiste ? À la connaissance de Bob et de ses amis, les révolutionnaires indiens n’en possédaient pas.

Sophia Paramount se tourna vers Morane.

— Que proposez-vous, Bob ?

Morane n’hésita pas avant de répondre :

— Dès demain, nous rebrousserons chemin, retrouverons l’avion et regagnerons Orozco… Nous savons à présent qu’Anita Sorel a tenté de gagner la source de la troisième rivière… Une expédition bien équipée pourra être organisée, avec l’aide des autorités, pour la retrouver… Nous, dans l’état actuel des choses, nous avons toutes les chances d’échouer… voire d’y laisser nos vies…

Le gros rire de Bill Ballantine éclata à nouveau.

— Y laisser nos vies !… Comme si c’était la première fois qu’on les risquait !… On devrait être morts cent fois !… Ah ! ça, commandant, est-ce que vous deviendriez prudent par hasard ?… À moins que vous ne vieillissiez…

Cette fois, ce fut le rire cristallin de Sophia Paramount qui éclata. Un rire teinté d’un rien de raillerie. Sophia secoua, à son habitude, son opulente chevelure rousse. Ses yeux avaient définitivement tourné au myosotis.

— Voyons, Bill, vous savez bien que Bob Morane ne vieillira jamais… Non, c’est le signe de la balance qui veut ça… Voyons, souvenez-vous… Bob est né au mois d’octobre, le mois de l’équilibre…

— Ou du déséquilibre, grinça Aristide Clairembart.

Le savant s’excita soudain. La barbiche saisie d’un tremblement de plus en plus convulsif, il enchaîna :

— Pourquoi retournerions-nous sur nos pas ? Nous avons fait la moitié du chemin et nous avons maintenant la quasi-certitude que quelque chose se passe là-bas, aux sources de la rivière sans nom… Nous avons des armes et, à nous quatre, nous valons une armée…

— Du moins c’est ce qu’on raconte, glissa calmement Morane.

Tandis que Clairembart poursuivait :

— Vous vous rendez compte !… C’est probablement là que se trouve, oublié à nouveau, le temple de Kukulkan !… Ces légendes sur les serpents à plumes le prouvent… Et nous manquerions ça !… Risquer de ne pas être les premiers à découvrir le temple perdu… après Alastair !… Vous vous rendez compte !… Et ça par prudence !… Par prudence !… Au diable la prudence !…

Le calme de Morane contrastait avec la soudaine véhémence de l’archéologue.

— N’oubliez pas, professeur, que nous ne sommes pas venus là pour découvrir de vieilles pierres, mais pour retrouver la trace d’Anita Sorel, obtenir des renseignements sur son passage… À cela se limitait notre but initial et je veux m’y tenir… Je dois vous rappeler qu’au départ nous étions tous d’accord…

— Personnellement, je suis d’accord avec le professeur, intervint Bill. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? J’ai moi aussi envie de savoir ce qui se passe là-haut, aux sources de la troisième rivière… Nous n’allons pas commencer à avoir la pétoche, non ?…

— Et moi, dit Sophia d’une voix égale, je suis aussi d’avis de continuer…

Morane demeura de glace. Devant lui, il y avait le professeur Clairembart, emporté par sa fièvre de découvertes archéologiques qui, souvent, lui faisait oublier toute prudence… Sophia, reporter avide de scoops, de sensationnel… La réaction de Bill, elle, l’étonnait. D’habitude c’était plutôt l’Écossais qui, par gros bon sens, l’incitait à la prudence alors qu’à présent il semblait n’avoir qu’une idée : foncer. Peut-être était-ce sa force qui voulait ça.

— Ce sera comme vous voudrez, fit Bob d’une voix sèche. Vous voulez continuer… Faites… Je ne puis vous en empêcher… Mais vous continuerez sans moi…

La consternation se peignit sur les visages de Clairembart, de Sophia et de Bill. D’habitude, c’était Morane qui les entraînait ; à présent, il les freinait. D’autant plus qu’à l’origine c’était lui qui les avait conduits dans cette aventure. Avec la restriction de ne chercher que des indices qui permettraient, plus tard, de partir à la recherche d’Anita Sorel.

— C’qu’on fait ? interrogea Bill. On repart avec le commandant, ou bien… ? Faudrait sa…

Le géant n’eut pas le loisir d’achever. Un jeune garçon venait d’apparaître en courant. En proie à une grande excitation, il trébuchait à tout bout de champ en se prenant les pieds dans les pans d’un huipil[5] trop grand pour lui. Arrivé devant Chan Anna il se lança dans une explication animée, accompagnée de grands gestes en direction de la rivière, en dialecte lacandon. De temps à autre, Bob enregistrait un mot, mais, dans l’ensemble, tout comme ses compagnons, il ne comprenait rien à ce que disait le garçon.

Quand le jeune Indien eut fini de parler, Chan Anna traduisit à l’intention de ses hôtes. D’après ce que venait de déclarer le garçon, les troupes régulières amorçaient une grande offensive sur l’Usumacinta afin de venir à bout d’un parti de Zapatistes qui, quelques jours plus tôt, avaient attaqué un poste militaire, détruit des bâtiments, tué plusieurs soldats, dont un officier, et emporté des armes. Tout cela aux cris de « Viva Zapata ! » et de « Viva los Indios del Chiapas ! ».

Une telle action méritait un châtiment exemplaire et les militaires s’étaient lancés sur le rio, à bord d’embarcations rapides, et ratissaient tout sur leur passage. Personne ni rien ne trouvait grâce devant leur désir de vengeance.

— Nous sommes étrangers, fit Clairembart. Nous ne risquons rien…

— Les soldats ne toucheraient pas à une journaliste européenne, enchaîna Sophia sans grande conviction.

— Ils vous tueront, assura Chan Anna. Ils nous tueront aussi… La fureur des soldats est aveugle… Tous ceux qu’ils rencontrent sont des ennemis… Ils tuent… Ils tuent… Il nous faut fuir… Vous aussi vous devez fuir… Les hommes, femmes et enfants de ce village vont se disperser dans la forêt, où les soldats ne les suivront pas… Ils se contenteront de brûler nos maisons… Ils disent que les Indiens aident les Zapatistas… Plus tard, nous reviendrons. Quand le danger sera passé…

— Qu’en pensez-vous, commandant ? interrogea Ballantine, en français.

Morane eut un geste vague, se passa la main dans les cheveux, prit une soudaine décision.

— Plus question de retourner en arrière pour rejoindre l’avion. La route de la rivière nous serait coupée et, comme vient de le dire notre ami lacandon, nous n’aurions rien à attendre de bon des militaires, tout étrangers que nous soyons… Pas question non plus de fuir dans la forêt… Les Lacandons pourraient y survivre pendant une longue période ; pas nous… Voilà ce que je propose… Contrairement à ce que j’ai dit tout à l’heure, nous allons fuir par la rivière, dans le sens inverse, et la remonter aussi loin que nous le pourrons… Elle prend sa source au Guatemala. Ainsi, nous franchirons la frontière et nous trouverons hors de portée de l’armée fédérale mexicaine qui pourrait nous prendre pour des insurgés…

— Avec une tignasse pareille ? fit Sophia en secouant sa chevelure de feu.

Morane ignora la remarque, et la jeune reporter enchaîna :

— Et que rencontrerons-nous sur notre route, plus haut sur le rio ? Les Zapatistas qui, eux aussi, nous prendraient pour des ennemis ?… Et, de l’autre côté de la frontière, quel accueil nous réserverait l’armée guatémaltèque ?… Avez-vous pensé à tout cela, Bob ?

— J’y ai songé, Sophia, mais nous n’avons pas le choix… Il nous faut parer au plus pressé, les fédéraux en l’occurrence… Pour le reste, on verra, le moment venu… La frontière du Guatemala n’est pas très éloignée et, avec un peu de chance, nous pourrons l’atteindre sans encombre. Grâce aux Vautours Rouges, nous avons des pirogues, du carburant, des armes, des vivres pour plusieurs jours… Ensuite, nous improviserons… De toute façon, pour vous, ça fera un beau reportage…

— Décidément, vous n’avez pas de chance aujourd’hui, commandant, ricana Bill Ballantine. Tout à l’heure, vous vouliez retourner en arrière ; maintenant, vous voilà contraint d’aller en direction de la troisième rivière, que vous vouliez justement éviter…

— Il n’est pas question ici de la troisième rivière, fit Morane d’une voix sèche, mais de sauver nos vies…

— Je suis d’accord avec Bob, intervint Clairembart. Pour l’instant, il ne peut être question que de sauver nos vies. Dans l’actuel état de guerre, nous n’avons rien de bon à attendre de l’armée fédérale, pas plus que des Zapatistes sans doute. Je crois en effet que notre seule chance d’éviter le pire est bien de gagner le Guatemala…

Pourtant, derrière les lunettes de Clairembart brillait une lueur énigmatique. Tout à fait comme si le vieil archéologue ne croyait pas complètement à ce qu’il disait. Il interrogea :

— Qu’en pensez-vous, Sophia ?

Dans les yeux aux reflets changeants de la jeune femme brillait également une lueur équivoque.

— Je pense comme vous, professeur…

Mais la journaliste et l’archéologue ne pensaient justement pas la même chose. L’une songeait à un scoop ; l’autre à la Cité de Kukulkan. Là-bas, sur la troisième rivière. La rivière qui n’avait pas de nom.

Au loin, très loin encore, en direction de l’aval, un bruit de mitraillade éclata, apporté par la voie du rio. Puis une série d’explosions. Avant longtemps, la situation deviendrait intenable. Avec, d’un côté, l’armée régulière mexicaine ; de l’autre les révolutionnaires de l’EZLN. Tous assoiffés de vengeance. Et il y aurait aussi l’inconnu du Serpent à Plumes, le réveil de Kukulkan dont parlaient les légendes.

 

Le Réveil de Kukulkan
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